
Un spectacle de cirque sur la Place des Halles Delacroix, là où jadis se dressait la halle qui accueillait un marché aux poissons. Aucune trace ne subsiste du théâtre Vacon, qui la précédait cà cet emplcement et où se jouaient des opéras. Construite en 1733, cette salle fut le seul théâtre de la ville jusqu'à l'inauguration du Grand Théâtre
L'Académie Royale de Musique
Les deux frères Gautier, Pierre, musicien, et Jacques, sculpteur obtiennent de Jean-Baptiste Lully l'autorisation de créer à Marseille une « Académie Royale de Musique » et d'y organiser des représentations d’opéra. Les premières ont lieu dès 1685 dans une salle de jeu de paume située en haut de la rue Pavillon vers la rue de Rome, un Jeu de Paume appartenant à un marchand de savon. Mais un incendie dans les maisons voisines rend le lieu impropre aux représentations. Entre temps, les deux frères sont partis à Lyon où ils travaillent à l'Opéra. L'Opéra de Lyon ferme en 1692 et ils reviennent à Marseille et là, ils font construire une vraie salle de 1000 places inaugurée en 1694 qui donne sur la Canebière à l'endroit où arrive maintenant la rue Saint-Ferréol. Cette salle change plusieurs fois de direction, bénéficie de subventions municipales pour son embellissement, et brule en 17071. Mais l'aventure de l'opéra ne s'arrête pas là.
L'Académie de Marseille2
Depuis 1726, l'Académie est la mémoire de Marseille. Elle est la doyenne des sociétés savantes de la ville. Elle fait partie, avec celle d'Arles, des trente-deux académies provinciales reconnue par le roi en 1669. Elles sont deux, Arles et Marseille siégeant en Provence. Ses prémices datent de 1715 où quelques personnalités fondèrent une société scientifique et littéraire. C'est le gouverneur de la Provence, le maréchal de Villars, qui obtient du roi Louis XV les lettres patentes officialisant sa création. C'est une Académie des Sciences, Lettres et Arts les plus anciennes. Elle poursuit depuis près de 3 siècles un travail de mémoire et de partage des savoirs. Elle dispose aujourd'hui d'une salle dans la bibliothèque de l'Alcazar pour ses séances plénières après avoir siégé en d'autre lieux de la ville, en particulier l'ancien observatoire de Marseille dans la salle devenue le lieu d'exposition du Préau des Accoules maintenant musée des enfants. Elle organise régulièrement des conférences à l'auditorium du Musée d'Histoire. Ses actions restent assez confidentielles, fréquentées essentiellement par des personnes averties et somme toute peu connues du grand public.
De nouveaux remparts
Au XVIIe siècle la ville est engoncée dans les remparts de l'époque romaine. Depuis qu'elle a rejoint le territoire du Royaume de France sous Louis XI, Marseille, défend jalousement son exceptionnalité et son indépendance.
Après le traité de paix signé avec l'Espagne, le roi Louis XIV souhaite s'appuyer sur Marseille pour sa position stratégique sur la Méditerranée. Lors de son voyage dans le sud, il réside à Aix et se rend à Marseille sans suivre le protocole habituel dû à son rang. Il arrive avec sa suite et pénètre dans la ville non pas par la porte royale mais par une brèche de la muraille à côté de celle-ci car il refuse de passer sous la devise qui y figurait : «Libertas sic datus urbi » : « La liberté était ainsi donnée à la ville ». Le roi et sa cour accompagnés de 6 à 10 000 soldats (suivant les sources) investissent la ville. Il veut mater une ville rebelle et adopte une attitude de conquérant pour en faire une base navale accueillant une flotte de guerre surpassant celles de l'Espagne ou de l'Italie en y installant l'Arsenal des Galères Royales3.
Il commande la destruction des anciens remparts au profit d'une enceinte élargie qui double la surface de la ville et la création du Grand Cours : Cours Belsunce et Cours Saint-Louis et du haut de la Canebière (allées de Meilhan)
A cette époque, il n'y a pas à Marseille de troupe permanente. Les troupes de passage jouent dans les salles de jeux de paume et des représentations théâtrales sont données par des troupes d'amateurs locaux souvent en plein air et en lien avec des célébrations religieuses.
Cet agrandissements de la ville permettra la création de lieux de spectacles inexistants dans l'enceinte antique. Un théâtre sur la voie qui allait devenir la Canebière qui brûle en 1707. Un premier Vauxhall pour le spectacle et les loisirs en haut des allées de Meilhan en 17704. Le Théâtre Vacon, autre lieu dédié au spectacle, construit en 1733, à l'emplacement de la place des Halles Delacroix restera le seul théâtre de la ville pendant un demi-siècle, jusqu'à la construction du Grand Théâtre.
1Les trois premières salles d'opéra à Marseille IN : Provence Historique, tome XL, fascicule 160
2http://www.academie-sla-marseille.fr/medias/files/acade-mie-historique.pdf
3: https://www.provence7.com/portails/histoire-portails/personnalites-de-lhistoire-en-provence/louis-xiv-en-provence/ https://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2001-3-page-521.htm
4 Un Vauxhall est l’ancêtre des parcs de loisir, on y trouve des attractions foraines et des spectacles, on y joue des pantomimes pyrotechniques.

Le Grand Théâtre, également connu sous le nom de salle Beauvau, a été érigé sur le site où se trouvait l'Arsenal des galères de Toulon. Inauguré le 31 octobre 1787, il a été racheté par la ville en 1882. Après avoir été ravagé par un incendie le 13 novembre 1919, le théâtre a été reconstruit derrière la colonnade de sa façade, qui avait été épargnée par les flammes. Il a rouvert ses portes en 1924 sous le nom d'Opéra municipal.
Sur le parvis, la compagnie Grenade/Josette Baiz a présenté une performance lors de l'opération 'Sirène et Midi Net', organisée par Lieux Publics, le 1er juin 2016.
Des infrastructures pérennes naissent au XVIII et XIX siècle
Nombre d'institutions culturelles sont plus que bicentenaires, il y a bien sur les Archives citées plus haut mais aussi :
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Le Conservatoire né sous l'impulsion de Barsotti, musicien né à Florence. Le 9 novembre 1821, un arrêté municipal décrète la création de l’École de Musique gratuite. Barsotti en est nommé Directeur et restera en poste plus de 30 ans
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Le Muséum créé en 1819 par Jean-Baptiste, marquis de Montgrand, maire de Marseille de mars 1813 à 1830 et le comte de Villeneuve-Bargemon, alors préfet. Ses fonds initiaux regroupent plusieurs collections de cabinets de curiosités datant du XVIIIème siècle
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Le Musée des Beaux-Arts, est inauguré le 9 septembre 1804, ses premières collections proviennent de saisies révolutionnaires inventoriées par une Commission des arts créée en 1794. Il serait le 1er musée de Marseille
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Le Musée d'Archéologie, créé en 1802 est annexé au Musée des Beaux-Arts jusqu'en 1863 où il est transféré au Chateau Borely, la Chapelle des Bernardines étant trop petite pour loger la collection Égyptienne, donation à la Ville du docteur Clôt-Bey
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La Bibliothèque Municipale, fondée en 1791 ses première collections proviennent aussi de confiscations révolutionnaires, installée en 1799 dans le Couvent des Bernardines
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L’école des Beaux-Arts est fondée en 1752 grâce à l’initiative des peintres Bardon, Jean-Joseph Kapeller et Moulinneuf et du sculpteur Jean-Michel Verdiguier sous le haut patronage du duc Honoré-Armand de Villars.
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le Théâtre Français achevé en 1804, devenu le Gymnase et le Grand Théâtre Inauguré en 1787 aussi appelé Salle Bauveau devenu l'Opéra.
Un théâtre dans l'Arsenal
Dans la 2e partie du 18e Siècle les dernières galères sont transférées à Toulon et les terrains de l'Arsenal libérés sont rachetés par le Ville qui les revend à une société privée pour y réaliser un programme immobilier sous condition d'y construire un théâtre qui sera inauguré en 1787. Cette salle deviendra l'Opéra. Ainsi l'Opéra alors appelé Salle Bauveau ou Grand Théâtre sera un théâtre privé pendant un siècle avant d'être acheté par la ville en 1882 mais sa gestion restera privée bien que subventionnée jusqu'en 1901 où une régie municipale est mise en place. A ses débuts tous les styles y sont présentés, musique, théâtre cirque, lyrique...
Nous avons vu que l'histoire de l'opéra à Marseille a commencé un siècle plus tôt et que sa représentation y existe depuis 1685. Après l'incendie de la salle construite sur la Canebière, la nouvelle direction de l'Opéra s'est réfugiée dans l'ancien jeu de paume retapé à la hâte qui abritera tant bien que mal les représentations jusqu'en 1733. Devant le succès et les bénéfices remportés par les représentations, un entrepreneur loue à la municipalité le terrain de l'actuelle place des Halles de la Croix initialement prévu pour y réaliser une « Place Royale » et y construit une salle . Cette salle passera pour une des plus belles de France. La salle du jeu de paume, vétuste sera détruite en 1739 et le « Théâtre Vacon » sera la seule salle de Marseille pendant 50 ans.
Ainsi ce que nous connaissons aujourd'hui de l'Opéra à Marseille a commencé par un siècle d'itinérance entre trois salles, puis l'opéra construit reste une salle privée pendant un autre siècle. Un troisième incendie le dévaste le 13 novembre 1919, reconstruit, il réouvre en 1924. Dans l’intervalle les opéras et concerts classiques se tiendront dans la salle Prat qui portera aussi le nom de salle Valette du nom de son architecte ou de Théâtre des Nations vers le 144 rue Paradis. Propriété de la société Noilly Prat, cette salle est dotée d'un orgue où se sont succédés de grands noms comme Saint-Saëns. Revendu et démonté plusieurs fois, in fine on en retrouve des éléments dans l'orgue de la Cathédrale de Noyon en Picardie inaugurée le 10 avril 20051.
1: fascicule 160 juin 1990 de Provence Historique, le Grand Théâtre de Marseille, André Second, Ed Autres Temps, https://www.artlyriquefr.fr/dicos/Marseille%20Opera.html
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