Acte 1 L'épopée, une histoire épique Tableau 1 : Fondations

Publié le 8 mars 2025 à 21:11

Pendant près de 25 siècles la politique culturelle est constituée principalement par l'installation des institutions culturelles. Certaines trouvent leurs origines dans des initiatives privées comme l’Opéra. D’autres, Bibliothèque, Archives, Muséum, Conservatoire sont créés sur décision municipale, l’École des beaux-arts, sur l’impulsion d’artistes de la région et du gouverneur de Provence.

Même si après la deuxième guerre mondiale un creux de l'activité culturelle se fait sentir, le désert culturel, se trouve plutôt au XVIIe Siècle. A ce moment-là, la ville est confinée dans l'enceinte romaine, la langue française y est peu pratiquée et encore moins son écriture, aucun lieu n'est dédié au spectacle. Cela ne signifie pas, bien sûr, que les Marseillais de l'époque n'ont pas de culture mais que la culture française est peu présente dans la ville.

Dans les actes du dixième Colloque de Marseille publiés dans le N° 122 de la revue du même nom la ville est qualifiée plusieurs fois de « ghetto culturel » par l'historien Michel Vovelle1 qui évoque aussi la notion de « désert culturel » dans la retranscription du débat qui a suivi son intervention.

Marseille est une ville sublime, comme le tableau : « Le cri » de Munch. Le pire y côtoie le meilleur

Michel Péraldi conclut le livre Sociologie de Marseille qu'il a co-écrit avec Michel Samson et Claire Duport en disant que « cette ville ira mieux lorsqu'elle aura accepté de n'être qu'une banale ville de Province. ». Pourtant elle a aussi un caractère exceptionnel : elle est la plus ancienne ville de France. Dans la cour du Collège Vieux Port se trouvent les vestiges d'un théâtre romain très probablement le plus grand et le plus vieux du pays.

Un peu plus près de nous, c'est là qu'en 1581 le premier service d'archives de France qui trouve son origine au XIIIe siècle est enfin installé dans des locaux qui lui sont dédiés

On y trouvait il y a peu les quartiers les plus pauvres d'Europe. De ce côté-là nous sommes un peu remontés dans le classement. Cela ne veut pas forcément dire que cela s'est amélioré à Marseille, c'est peut-être le signe de la dégradation ailleurs. Mais, à la grande époque de l'ISF plusieurs de ses quartiers étaient aussi dans le top 10 des territoires dont les habitants contribuaient le plus à cet impôt.

Son peuplement est largement multiculturel, exotisme qui charme ou rebute. Son urbanisation est plus que confuse marquée par un assemblage de noyaux villageois, de lotissements résidentiels et de grands ensembles2.

Le Maire Robert-Paul Vigouroux avait essayé d'engager les négociations pour un jumelage avec Barcelone et Barcelone s'est jumelée avec New York...

L'histoire des arts et de la culture y est quasi exclusivement racontée de manière sectorielle, anecdotique ou à travers des monographies. Notre propos sera, modestement, de repérer les interactions entre les événements historiques, les initiatives privées et les décisions politiques,

endogènes ou exogènes pour mieux comprendre comment le secteur culturel s'est constitué et en faire le récit à travers différentes époques pour tenter de construire une vision d'ensemble.

Vision que nous espérons susciter en suivant un fil quasi chronologique de paragraphes factuels dont certains ont suscité la rédaction d'ouvrages complets et d'autres, le mériteraient.

Pour cela nous avons réalisé plusieurs entretiens avec des témoins contemporains de l'évolution récente et consulté de nombreuses publications papier ou numérique pour les temps plus anciens.

Lors de leurs entretiens, Maurice Vinçon et Michel Pezet feront remarquer : le premier, alors que je pensais commencer par la période des années 70, qu'il faudrait partir après la 2e Guerre Mondiale et le second après avoir évoqué la fondation de la Ville me dira : « Marseille est une ville Napoléon III » et proposera la création de l’Académie de Marseille comme point de départ.

Finalement, j'ai réalisé un inventaire des établissements culturels cités dans les diverses publications ou en fonctionnement aujourd'hui. La consolidation des données recueillies dans les divers ouvrages et revues consultés recoupées avec des données présentes sur le net a permis de repérer à travers les âges, 532 structures culturelles.

Repérage que nous considérerons quasi exhaustif pour la suite du raisonnement

Au début des année 60 on y trouve 111 cinémas qui seront traités à part car le plus grand nombre d'informations disponibles porte sur le nombre d'écrans et non pas de salles de cinémas en tant que telles et surtout on verra que de nombreux cinémas sont des music-hall transformés ce qui complique sévèrement le comptage.

Les données recueillies sur le nombre d'écrans permettent d'établir un graphique spécifique présenté plus loin. Par ailleurs n'ayant pas le détail des années d'ouvertures des 29 antennes de l'Office Central des Bibliothèque elles seront considérées comme un seul établissement ouvert en 1938. Après les remarques ci-dessus il nous reste 393 références de structures culturelle, ce qui nécessiterait 786 dates d'ouverture ou de fermeture.

Nous connaissons de manière factuelle 374 dates d'ouverture, 124 dates de fermetures, par ailleurs 254 lieux sont réputés ouverts au moment de ces calculs, nous disposons donc de 752 dates sur les 786 nécessaires pour la totalité des structures. Le ratio par rapport aux données nécessaires est donc de 95,7%. C'est tout à fait suffisant pour que le graphique de l'évolution du nombre de structures soit représentatif de la progression réelle du secteur.

 

1: https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Vovelle

2: Cf. Marseille une autre façon de voir la ville à travers son urbanisme Marcel Bajard Gérard Planchenault, Ed Picard

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Commentaires

Jean Guillon
il y a un mois

Bonjour Gilbert,
prends tu en compte, dans ton inventaire des structures culturelles les structures itinérantes ?

Gilbert Ceccaldi
il y a un mois

Bonjour Jean,
je vois exactement de quoi tu parles. Je n'ai pas trouvé de donnée dans la littérature sur de telles structures en dehors de la tienne que je connais par ailleurs. Exception faites des festivals qui n'ont en général que des bureaux et s'implantent de manière éphémère en divers lieux de la ville.

Odile Lecour
il y a un mois

Bravo pour cette belle réalisation très intéressante.

Gilbert
il y a un mois

Merci, inscrit toi avec la formulaire garder le contact pour être informé des prochains articles.
Bises

Graziella Vegis
il y a un mois

Une bien belle initiative! Et bien intéressante! Hâte de lire la suite…
Merci

Gilbert Ceccaldi
il y a un mois

Merci, inscrit toi avec la formulaire garder le contact pour être informé des prochains articles.
Bises

Alexis Moati
il y a un mois

HATE DE LIRE LA SUITE ...

Nelly Flecher
il y a un mois

.

Gilbert Ceccaldi
il y a un mois

????

philippe car
il y a un mois

Merci Gilbert !
Le récit de ta jeunesse est très chouette. Nous avons à peu prés le même âge et je retrouve toutes mes sensations de jeunesse marseillaise. Bravo pour ce projet!